Le désenclavement



Au début du 19e siècle, environ cinq mille personnes vivent dans les cinq communes du Vercors drômois, dont un millier à Saint Martin et la moitié à Saint Julien.
En raison des falaises calcaires qui ne laissent que des passages difficiles, voire dangereux et de toute façon inaccessibles aux véhicules à roues, on ne circule qu'à pied ou à cheval. A cette époque, le Vercors est la région la plus pauvre des Alpes du Nord. " Les habitants, dit un préfet dans un rapport écrit vers 1820, y vivent dans un état effrayant de misère et d'ignorance. "A quoi bon cultiver des terres si on ne peut en commercialiser les produits ? Les terres sont en friches, mais la forêt est pillée par des hommes prêts à tout pour survivre en vendant quelques charges de mulet. Un garde-forestier fut même tué à Château Julien près d'Herbouilly.

Le Pas de l'Allier

Pour desservir nos deux communes, il existait quelques chemins muletiers : le Pas de l'Allier communiquait avec Pont en Royans. Il existait aussi un chemin passant par la gorge des Grands Goulets : l'endroit le plus resserré était desservi par un pont, depuis le 14e siècle. Fautes d'entretien au 18e siècle le pont avait disparu. On l'avait remplacé par un "écharasson", un tronc de sapin auquel on a laissé des moignons de branches pour servir d'échelle afin de descendre jusqu'au torrent. Il existait aussi depuis le 14e siècle un chemin de Die à Grenoble qui après la vallée de la Vernaison traversait Saint Martin et Saint Julien pour gagner Villard de Lans par la Balme et le pont de Valchevrière qui existait dès 1318.

On pouvait l'abréger en prenant à Tourtre le chemin du Pas de l'Ane, celui du Pas de la Sambue. Le Pas de Saint Martin semble lui aussi fort ancien, des marches y ont été taillées pour faciliter certains passages, ainsi que le Pas du Fouillet à Saint Julien. Beaucoup de ces chemins existent encore et sont balisés pour la randonnée

les grands goulets

A partir de 1774, diverses études sont entreprises pour l'établissement d'un chemin permettant le transport du bois. En 1792, les communes de Saint Martin et Saint Julien demandent une subvention de 2000 livres, pour remettre de nouveau en état le chemin du Pas de l'Allier qu'elles venaient juste de réparer une première fois à grands frais. Ce n'est qu'en 1834 que le conseil Général décide le percement de la route des Goulets. Les travaux commencèrent en 1843. Ils furent difficiles : on s'aperçut très vite qu'on avait sous-estimé les problèmes techniques et le coût de l'opération! Une dizaine d'années fut nécessaire et quelques vies humaines furent sacrifiées.

On descendait les ouvriers mineurs du haut de la falaise "avec des cordes munies de bâtons en forme de croix qui leur servaient de siège". En pendulant au bout de leur corde, ils parvenaient à agripper le rocher pour y planter un piton auquel ils s'amarraient pour creuser. Certains, ayant placé leur mine, l'allumaient et s'écartaient d'un coup de pied de la paroi, ayant calculé que la longueur du pendule qu'ils effectuaient au bout de leur corde les mettaient à l'abri de l'explosion… Erreurs de calcul, ruptures ou dévissage, des accidents se produisirent. Ni baudriers confortables ni mousquetons ni descendeurs, des cordes en chanvres, on est loin de l'escalade et du canyoning!

Enfin, en 1854, la route des Grands Goulets est ouverte à la circulation. D'autres suivirent : Col de Rousset, Bourne etc… L'ouverture de ces routes augmenta considérablement le niveau de vie des habitants.

 

Tous les terrains en friche furent cultivés et l'économie rurale se spécialisa peu à peu vers l'élevage. Les vaches commencèrent à produire du lait et des veaux au lieu de débarder du bois. Des attelages descendirent les longues grumes de sapin jusqu'aux plaines…et la délinquance forestière connut une chute spectaculaire. Ce fut aussi le début de l'exode rural (et les plus pauvres furent sans doute les premiers à partir...)
C'est à cette époque que la tuile commença à remplacer le chaume sur les toitures, et que le tourisme commença à se développer : on appelait "trains de plaisir" des voitures découvertes dans lesquelles les touristes découvraient au pas lent des chevaux les merveilles si chèrement payées des tunnels et des encorbellements. Ils s'arrêtaient à la sortie des Grands Goulets aux "Barraques" où de luxueux hôtels avaient remplacé les cabanes de chantier. Les habitants eux-mêmes utilisaient ces "trains de plaisir" pour les noces et les réjouissances.

Le Vercors faisait connaissance avec mille produits nouveaux, mobiliers ou alimentaires, et les outres en peau de chèvre ballottées sur le dos des mules étaient remplacé "par des tonneaux toujours bien accueillis". Les gens de Saint Martin et de Saint Julien continuèrent pour la plupart à se rendre à pied aux foires de Pont en Royans, centre commercial important.

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